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Jean-Marie Bardin - Marc Julla

L’atelier d’architecture Bardin & Julla est né en 1998. Faisant suite à un parcours, dans d’autres agences, jalonné de nombreux concours, le domaine d’intervention s’est très logiquement orienté vers l’architecture publique.

 

A travers des champs différents et des questionnements variés, l’atelier a ainsi exploré les problématiques des lieux de l’Enseignement, la Culture, les Équipements de toute nature, le Sport mais aussi l’Habitat et la Santé. La réalisation de réservoirs - châteaux d’eau - et de stations de traitement de l’eau forme un registre quelque peu atypique de la production.

 

L’architecture est d’abord attentive à son contexte, au paysage. Elle vise de fortes valeurs d’usage, marquées par la lisibilité et la fluidité des espaces. Une attention très particulière est ainsi portée aux espaces intermédiaires, espaces d’accueil et de circulation. Une même attention est portée à la question de l’orientation et de l’exposition, favorisant le sens commun dans la relation au site et la pratique environnementale.

A pas mesurés...
 

L'esprit d'une architecture ne se signale que dans la constance des convictions. Seul un ensemble de réalisations, d'échelles et de natures différentes, prend au regard la forme profonde d'une réelle maîtrise d'oeuvre, dans son sens plein, littéral. Il ne doit pas y avoir d'équivoque entre l'oeuvre d'architecture et la notoriété qui s'attache à l'architecture des objets singuliers. L'hyperbole médiatique qui projette l'architecte sur la trajectoire d'une figure héroïque, au fil de ses nouveaux exploits, creuse la distance entre le héros starifié et la base du lancement, terne, clouée au sol, l'architecture raisonnée.

 

 

L'architecture raisonnée, deux ou trois choses que je sais d'elle, rationalité du système constructif, économie du projet, adéquation aux usages... L'expression formelle de ces quelques grands principes, réinventée par l'architecture moderne, laisse aux architectes contemporains un héritage à la fois simple, rigoureux, exigeant... boîtes, emboîtements, déboîtements, jeux de volumes, de lumière, de texture. S'en tenir là, ne pas céder aux jongleries informatiques, renoncer au cirque.

 

 

Les réalisations de Jean-Marie Bardin et Marc Julla en une quinzaine d'années révèlent, pièce par pièce, une maîtrise d'oeuvre forte, assise sur cette adhésion aux deux ou trois choses que l'on sait de cette architecture, inscrite au sol, au lieu, attachée aux réalités du contexte de la commande. Si partout dans le monde, l'héritage de l'architecture moderne est désormais largement partagé, les parentés, croisements, coisinages, qui sont depuis toujours dans la nature même des courants architecturaux, n'excluent pas l'émergence d'une démarche personnelle, construite dans quelques traits particuliers. Une attention vigilante aux hiérarchies dans l'articulation des plans verticaux et horizontaux des volumes, fins avant-toits saillants, marquant la ligne horizontale des toitures terrasses, et continuité sans faille de cette ligne accompagnant les décrochements de plan de toiture, extraversion des partitions intérieures soulignée par les plans expressifs de parois franchissant l'enveloppe des bâtiments, légers désaxement entre corps de bâtiments, ou dissociation du plan d'emprise de toiture et du volume bâti introduisant une progressivité du débord de toit et un jeu d'ombre inhabituel... c'est à la fois dans leur récurrence, les décalages progressifs dans leurs transferts successifs d'une réalisation à l'autre que cette architecture trouve sa mesure. Une mesure tenue fermement pas à pas, qui saute donc à l'oeil sur la piste de danse architecturale.

 

 

 

Jean-Loup Marfaing
 

architecte, écrivain

CAUE31
 

 

Ouverture de la conférence Paysage, Centralité de Bardin et Julla 1er février 2011

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